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L'enfant de Véronaville
9 décembre 2005

Le dîner

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Encore une fois, Obéron se trouvais seul avec ses deux enfants à la maison. Sa compagne, Titania, était partie travailler de nuit, encore une fois. Cela faisait un moment maintenant que les enfants ne la voyaient plus que quelques minutes par jour. Il savait que Puck, le plus âgé, n’étais pas mécontent de cette situation mais que pouvait donc penser Boutondor. Qu’une fois de plus, sa mère l’abandonnait. Titania et lui l’avaient adoptée alors qu’elle était toute jeune, il ne lui restait donc aucun souvenir des parents ingrats qui l’avaient mise au monde puis lâchement laissée à l’abandon, mais c’est une douleur qu’on ne peut pas totalement effacer. Obéron ne comprenait vraiment pas comment on pouvait faire une chose pareille. La nécessité ? Voilà un bien méchant mot. Peut-être était-il influencé par le fait que Titania et lui n’auraient jamais un enfant « à eux » ? Mais ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Lorsqu’il avait appris que sa compagne était stérile, il s’était d’abord demandé comment il pourrait supporter de ne pas avoir d’enfant. Puis rapidement, la solution de l’adoption s’était imposée. Puis Puck était arrivé, suivi de Boutondor. Il avait formé une famille unie, et continuait à l’être mais Titania se faisait plus distante ces temps-ci. Obéron aurait aimé savoir les raisons de cet éloignement. Mais il était d’un naturel optimiste et se dit qu’elle devait juste être passionnée par ce qu’elle faisait et que cette passion lui passerait bien vite. En attendant, il allait encore devoir commander une pizza. Il avait encore fait brûler les macaronis. Décidément, il ne pourrait jamais se lancer dans une carrière de cuisinier.

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De toute façon, que Titania soit présente ou pas, le résultat aurait été le même. Elle ne s’approchait plus de la cuisinière depuis le soir de l’incendie. Depuis ce jour, elle ne venait dans la cuisine qu’en cas d’extrême urgence. Autant dire jamais. Mais pour quelqu’un qui a la phobie du feu, il est bien normal de craindre qu’un deuxième incendie se déclenche. D’autant plus qu’on ne savait pas ce qu’il l’avait provoqué la première fois. Titania avait vraiment cru qu’elle allait y rester. Les pompiers n’avaient pas mis longtemps pour intervenir, mais pour la jeune femme, cela avait paru une éternité durant laquelle elle s’était vue mourir milles fois. Pour la rassurer, Obéron avait fait installer un de ces systèmes qu’on voit dans les restaurants ou les lieux publics, qui projettent de l’eau dès la moindre fumée. Mais cela n’avait pas suffi à apaiser sa femme. Pour elle, plus question de s’approcher de la moindre flamme. Elle n’autorisait même plus qu’on allume un feu dans la cheminée. Pourtant, ces systèmes avaient l’air très efficace. Heureusement, ils n’avaient pas encore eu l’occasion de les tester mais Obéron était sûr que le feu serait éteint en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

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Obéron entendit sonner à la porte et Puck lui cria qu’il allait ouvrir. L’adolescent ne fut pas surpris de voir Bianca Monty à travers les petits carreaux de la porte d’entrée. Elle venait souvent ici le soir ces derniers temps en espérant trouver Titania mais elle arrivait toujours trop tard. Les horaires de sa mère étaient si compliqués. Mais il aimait bien discuter avec la jeune femme. C’était une sorte de rendez-vous quotidien qu’il attendait avec impatience. Et depuis qu’elle avait effectué un changement de look, il appréciait encore plus sa compagnie. Il se demandait pourquoi elle avait caché sa féminité pendant tant d’année derrière des lunettes plus que ringardes et des tenues sans aucun attrait.
" Bonjour Puck. C’est raté cette fois encore je suppose.
- Salut Bianca. Tout juste. Tu l’as loupée de peu cette fois-ci.
- Y arriverais-je un jour, telle est la question. Je devrais peut-être lui demander son planning.
- Oh, tu sais comme elle est DJ, elle ne sait pas trop ce qu’elle va faire dans la semaine. Elle va, elle vient. Elle travaille jamais au même endroit deux soirs de suite.
- Oui, et ça ne m’arrange pas mes affaires. J’avais besoin de parler à quelqu’un.
- Et moi je suis personne ?
- Ne te vexes pas surtout, mais tu es un peu jeune et ce sont des histoires d'adultes.
- Donc j’en déduis que c’est encore une histoire Capp/Monty.
- Et bien euh…Oui. Mais je ne peux vraiment pas t’en parler. Il me faudrait une oreille féminine. Désolé.
- Tant pis. J’aurai essayé. Tu veux rester dîner ? Obéron a encore fait brûler le dîner et il a commandé une pizza.
- Ca aurait été avec grand plaisir Puck mais j’ai déjà un dîner de prévu ce soir. D’ailleurs je dois y aller sinon je vais être en retard.
- Bon, à demain alors.
- Comment ça à demain ? Tu es sûre de me voir demain ?
- Ben oui, comme tous les soirs.
- Au revoir Puck. Et passe le bonjour à tes parents de ma part."
Bianca partit comme elle était venue. En un clin d’œil, elle disparut du champ de vision de Puck qui se dépêcha de rentrer en espérant qu’il aurait plus que des miettes au dîner. Boutondor était peut-être petite mais cela ne l’empêchait pas d’avoir un appétit d’ogre.

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Arrivée chez elle, Bianca commença à se préparer pour son dîner. Elle allait montrer à sa mère qu’elle avait réussi à se débrouiller sans elle. Mais elle avait tant de chose à faire avant l’heure convenue. Elle s’inquiétait aussi un peu pour sa dinde. Jonathan avait promis de veiller sur le dîner mais elle savait par expérience qu’il ne fallait pas laisser trop longtemps un homme aux fourneaux. Elle n’était pas féministe, certes mais elle n’était pas non plus du genre à approuver l’image de la femme au foyer qui doit faire la cuisine et s’occuper des enfants, tout le contraire de sa mère. Elle avait toujours vécu au crochet de son mari et Bianca ne voulait pour rien au monde lui ressemblait. Elle était une femme moderne. Mais malgré cela, elle se demandait quand même si c’était une bonne idée de laisser son homme seul, avec la dinde. Elle l’avait déjà vu à l’œuvre et ça avait été une vraie catastrophe. C’était le livreur de pizza qui avait dû être content ce soir là.

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Elle pensa aussi qu’il aurait été préférable de ne pas se rendre chez les Songedété ce soir là. Mais elle avait besoin de parler et Titania était une bonne confidente. Elle aimait beaucoup cette femme. Et toute sa famille aussi. Obéron était un homme bien, gentil et serviable, Boutondor était adorable. Et elle adorait ses petites discussions avec Puck, le soir. En fait, elle ce qu’elle appréciait chez cette famille, c’est qu’elle lui rappelait ce qu’elle n’avait jamais eu et qu’elle avait toujours rêvé d’avoir. Une famille parfaite à ses yeux. Elle espérait réussir à créer cette même unité dans son foyer. C’était pour cela qu’elle craignait tant que sa mère revienne dans sa vie, avec ses histoires de famille…Elle allait peut-être briser le peu d’harmonie qu’elle avait réussi à instaurer rien qu’en passant le seuil de la porte. Mais il était trop tard pour reculer et elle se devait d’affronter ses démons. Au pire, elle n’en ressortirait que plus forte. Décidément, elle ne savait vraiment pas quelle tenue choisir. On sonna à la porte. C’était sûrement sa mère. Malgré ses inquiétudes, elle avait réussi à finir tout à tant. La table, achetée pour l’occasion, était dressée, le dîner attendait sagement d’être servi et Bianca avait finalement demandé de l’aide à Jonathan pour sa tenue.
Lorsqu’elle vit sa mère sur le seuil, elle ne put que remarquer qu’elle était aussi mal à l’aise qu’elle. Et elle lui paraissait si vieille. Jamais ses souvenirs ne lui avaient renvoyé une image d’Isabella comme cela. Mais il était normal qu’elle est un peu changée, elle ne l’avait pas vue depuis qu’elle avait quitté le ranch familial, il y avait maintenant une dizaine d’année. Elle pensa qu’elle avait sûrement changé aussi et que sa mère devait avoir du mal à la reconnaître.

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Quand elles furent l’une en face de l’autre, Isabella ne put s’empêcher de craquer. Elle prit sa fille dans ses bras et lui dit :
« Ma chérie, je suis si désolée de ce qui c’est passé. Je regrette tous les jours ce que j’ai fait. Si tu savais, ça me ronge de l’intérieur. S’il te plaît pardonne-moi. »
Elle avait l’air vraiment sincère. Son cerveau lui renvoyait tellement d’informations en même temps que Bianca ne savait plus quoi penser.
« Mais pourquoi as-tu fais ça alors ? Pourquoi ?
- J’étais…Je suis une faible femme, soumise. J’ai suivi ce que Patrizio a dit. Je n’étais pas assez forte pour lui tenir tête, pour le contredire…Si tu savais ce que je m’en veux… »
Bianca pensa qu’elle disait sans doute la vérité. Aussi loin qu’elle se souvienne, sa mère n’avait jamais été contre les décisions de son père. Elle s’était toujours écrasée et laissait faire sans rien dire. Quand elle était encore adolescente, elle plaignait sa mère. Tant de femmes se s’étaient battus pour leurs droits et le résultat était là devant ses yeux. Elle s’était juré de ne pas finir comme ça. Mais lorsque Patrizio l’avait chassée du manoir, elle avait mis Isabella et Patrizio dans le même panier. Celui des méchants…Elle détestait sa mère parce que, encore une fois, elle n’avait rien fait. Maintenant elle regrettait. Elle oublia tout. Sa haine, le dîner…Les deux femmes restèrent dans les bras l’une de l’autre durant une bonne partie de la nuit. Bianca était enfin bien.

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